UN LIEU POUR LES GENS CURIEUX
Les éditions Parole vous souhaitent la bienvenue dans cet espace dédié à la rencontre avec des autrices, des auteurs, des textes et bien d'autres choses encore. Revenez-y régulièrement, les étagère se garniront au fil des jours...
  • Le petit carnet des Editions Parole - Hors série 1
    Un Petit carnet « Hors série » pour donner la parole, c’est prévisible pour une maison d’édition, surtout quand on s’appelle Parole, surtout quand on vient de créer le Petit carnet, un appel vers le mouvement dans une période imposée d’immobilité. Ce qui l’est moins, c’est de déroger à ce long temps nécessaire à la fabrication d’un livre. Chaque texte, lorsque l’auteur le dépose, impose encore le temps qu’il lui faut pour mûrir, le temps qu’il nous faut pour être prêt à le publier. C’est un temps utile, un temps précieux, nous le prenons. Ce qui l’est moins, c’est de rompre le temps de la fiction, le plus souvent hors temps, même si elle est daté d’hier, d’aujourd’hui ou de demain. Lire, c’est aussi perdre la notion du temps. Beaucoup d’entre nous ont lu pour passer les heures, pour réfléchir, rêver, pour voyager, pour s’extraire de ce temps qui nous échappait, pour oublier, pour s’évader … d’un temps et d’un espace clos et menaçant. Oui, les livres font du bien. Ce qui l’est moins, c’est d’être dans le temps immédiat, non pas dans l’urgence, avec la volonté d’agir dès aujourd’hui pour demain. C’est d’être dans l’espace, sans frontières - qu’elles soient géographiques, culturelles ou sociales - un des aspects les plus positifs et constructifs offert par la technologie d’internet. C’est d’ouvrir cet espace « Hors série » sur le monde et d’y inviter aussi d’autres personnes que nos auteurs, nos lecteurs, nos libraires, nos partenaires … C’est de solliciter des textes, des paroles, pour répondre à la question « On décide quoi pour demain ? » sans promesse d’édition papier, en s’adressant plus particulièrement à ceux qui savent, ceux qui, sur le terrain ou dans la recherche, expérimentent, réfléchissent, ont des connaissances et des outils que nous n’avons pas tous. Nous les remercions, très sincèrement, de prendre sur leur temps et de nous rejoindre avec générosité, vous et nous, pour partager leurs analyses, leurs convictions, leurs espoirs et ainsi, donner vie à ce carnet de notes. C’est notre acte d’engagement et de solidarité pour maintenant et demain, ici et plus loin, au-delà des frontières, comme d’autres le font aussi. Nous remercions aussi, du fond du cœur, Pierre Micheletti et Daniel Nahon. Ce sont les deux premières personnes que nous avons sollicitées et qui ont répondu immédiatement, concrètement et sans conditions, créant ainsi un élan fondateur. Alors, « On décide quoi pour demain ? » Lisons ces regards sur « notre » demain et gageons qu’à nous tous, au-delà des paroles, nous avons la capacité d’agir.
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  • N°4 - Pierre Micheletti - 0,03% : Pour une transfo
    0,03 % ! le nouveau livre de Pierre Micheletti Plaidoyer pour une réforme de l’aide humanitaire internationale : Une très large proportion de l’action humanitaire est consacrée à des zones de conflit. Chaque année, sur tous les continents, entre 100 et 200 millions de personnes dépendent d’une aide extérieure vitale pour leur survie. La solidarité internationale d’urgence se déploie au nom du principe fondamental d’une commune humanité entre les aidants et les aidés. Elle se débat pourtant face à des difficultés qui l’exposent à la paralysie. Elle n’arrive pas à réunir les ressources financières annuelles qu’il conviendrait de mobiliser. Les équipes sont confrontées à la suspicion voire à la violence des belligérants. Les lois antiterroristes ne tiennent pas compte des réalités auxquelles sont confrontés les humanitaires, et alimentent leur insécurité. Après avoir démêlé l’écheveau complexe des différents acteurs, puis analysé les ambiguïtés qui hypothèquent désormais la démarche humanitaire, Pierre Micheletti dresse une liste de 10 propositions pour préserver une capacité à agir et éviter le risque d’instrumentalisation par les grandes puissances. Dans le sillage de la pandémie Covid 19, et de ses graves effets sur la situation économique mondiale, la première de ces propositions concerne un changement radical dans le financement des secours. Un chiffre la résume, qui donne son titre à cet essai : 0,03%... Pierre Micheletti rejoint Médecins du Monde dès 1987, il sera président de l’organisation de 2006 à 2009. Il enseigne depuis 2009 à l’Institut d’Etudes Politiques de Grenoble où il codirige le master « Politiques et pratiques des Organisations Internationales » et à la faculté de médecine où il dirige le diplôme « santé-solidarité-précarité ». Depuis 2019, il est président d’Action Contre la Faim. Pierre Micheletti est notamment l’auteur de «Une mémoire d’Indiens - récit d’un médecin du monde» aux Éditions Parole. préface de Xavier Emmanuelli
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Paroles autour de... Sois belle / Sois fort est le premier
0,03 % ! le nouveau livre de Pierre Micheletti
Plaidoyer pour une réforme de
l’aide humanitaire internationale :
Une très large proportion de l’action humanitaire est consacrée à des zones 
de conflit. Chaque année, sur tous les continents, entre 100 et 200 millions de 
personnes dépendent d’une aide extérieure vitale pour leur survie.
La solidarité internationale d’urgence se déploie au nom du principe fondamental d’une commune humanité entre les aidants et les aidés. Elle se débat pourtant face à des difficultés qui l’exposent à la paralysie. Elle n’arrive pas à réunir les ressources financières annuelles qu’il conviendrait de mobiliser. Les équipes sont confrontées à la suspicion voire à la violence des belligérants. Les lois antiterroristes ne tiennent pas compte des réalités auxquelles sont confrontés les humanitaires, et alimentent leur insécurité.
Après avoir démêlé l’écheveau complexe des différents acteurs, puis analysé les ambiguïtés qui hypothèquent désormais la démarche humanitaire, Pierre Micheletti dresse une liste de 10 propositions pour préserver une capacité à agir et éviter le risque d’instrumentalisation par les grandes puissances.
Dans le sillage de la pandémie Covid 19, et de ses graves effets sur la situation économique mondiale, la première de ces propositions concerne un changement radical dans le financement des secours. Un chiffre la résume, qui donne son titre à cet essai : 0,03%...

Pierre Micheletti rejoint Médecins du Monde dès 1987, il sera 
président de l’organisation de 2006 à 2009. Il enseigne depuis 2009 à l’Institut d’Etudes Politiques de Grenoble où il codirige 
le master « Politiques et pratiques des Organisations Internationales » et à la faculté de médecine où il dirige le diplôme 
« santé-solidarité-précarité ». 
Depuis 2019, il est président d’Action Contre la Faim.
Pierre Micheletti est notamment l’auteur de «Une mémoire 
d’Indiens - récit d’un médecin du monde» aux Éditions Parole.
préface de 
Xavier Emmanuelli
Un Petit carnet « Hors série » pour donner la parole, c’est prévisible pour une maison d’édition, surtout quand on s’appelle Parole, surtout quand on vient de créer le Petit carnet, un appel vers le mouvement dans une période imposée d’immobilité.

Ce qui l’est moins, 
c’est de déroger à ce long temps nécessaire à la fabrication d’un livre. Chaque texte, lorsque l’auteur le dépose, impose encore le temps qu’il lui faut pour mûrir, le temps qu’il nous faut pour être prêt à le publier. C’est un temps utile, un temps précieux, nous le prenons.

Ce qui l’est moins,
c’est de rompre le temps de la fiction, le plus souvent hors temps, même si elle est daté d’hier, d’aujourd’hui ou de demain. Lire, c’est aussi perdre la notion du temps. Beaucoup d’entre nous ont lu pour passer les heures, pour réfléchir, rêver, pour voyager, pour s’extraire de ce temps qui nous échappait, pour oublier, pour s’évader … d’un temps et d’un espace clos et menaçant. Oui, les livres font du bien.

Ce qui l’est moins,
c’est d’être dans le temps immédiat, non pas dans l’urgence, avec la volonté d’agir dès aujourd’hui pour demain. C’est d’être dans l’espace, sans frontières - qu’elles soient géographiques, culturelles ou sociales -  un des aspects les plus positifs et constructifs offert par la technologie d’internet.  

C’est d’ouvrir cet espace « Hors série » sur le monde et d’y inviter aussi d’autres personnes que nos auteurs, nos lecteurs, nos libraires, nos partenaires …

C’est de solliciter des textes, des paroles, pour répondre à la question « On décide quoi pour demain ? » sans promesse d’édition papier, en s’adressant plus particulièrement à ceux qui savent, ceux qui, sur le terrain ou dans la recherche, expérimentent, réfléchissent, ont des connaissances et des outils que nous n’avons pas tous.

Nous les remercions, très sincèrement, de prendre sur leur temps et de nous rejoindre avec générosité, vous et nous, pour partager leurs analyses, leurs convictions, leurs espoirs et ainsi, donner vie à ce carnet de notes.
C’est notre acte d’engagement et de solidarité pour maintenant et demain, ici et plus loin, au-delà des frontières, comme d’autres le font aussi.
Nous remercions aussi, du fond du cœur, Pierre Micheletti et Daniel Nahon. Ce sont les deux premières personnes que nous avons sollicitées et qui ont répondu immédiatement, concrètement et sans conditions, créant ainsi un élan fondateur. 

Alors, « On décide quoi pour demain ? » 
Lisons ces regards sur « notre » demain et gageons qu’à nous tous, au-delà des paroles, nous avons la capacité d’agir.
Dans son numéro de fin mars, le
Dessine-moi un chat de Schrödinger
Quand la philosophie quantique 
révèle l’Extra-Ordinaire de notre quotidien?
A la découverte du nouveau livre de Virginie Langlois, Philippe Granarolo et Céline Decorte 
paru aux éditions Parole dans la collection
L'homme semence, le livre de Violette Ailhaud qui a donné naissance au film Le Semeur de Marine Francen
Autour de nos livres
  • > Parole(s) autour de... - Le petit carnet des Editions Parole - N#1
    Il ne faut pas se fier à l’allure légère du livre d’Emilie Kah, il va bien plus loin que ça, mine de rien... Plus d’un thème sont abordés dans ce roman : du « passage à vide » face à sa propre vie que chacun peut connaître et qui peut faire basculer dans une autre vie, à la question de l’identité... Mais peut-être est-ce une autre manière de se poser la question… Comment se construire dans l’exil ? se demande Istvan. Quant à France, la question serait plutôt : qu’est-ce que j’ai fait de ma vie ? Ces deux-là ne devraient jamais se rencontrer et pourtant, c’est là que l’histoire peut exister, légère et même un peu futile par instants, mais de cette futilité qui emmène à l’essentiel sans en avoir l’air. Cela se passe aujourd’hui et Emilie Kah sait en parler autour d’un verre de bon vin, dans les néons de la nuit. On la lit avec plaisir et facilité sans mesurer où elle va nous mener. Emilie Kah Voilà bientôt cinquante ans qu’Emilie Kah vit dans le sud-ouest de la France (Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne). De formation à la fois scientifique, littéraire et musicale, elle multiplie depuis toujours les expériences professionnelles et humaines. Elle anime des ateliers d’écriture et des ateliers dédiés à la voix. « Rendez-vous chambre 31 » est son neuvième livre, le troisième publié aux éditions Parole.
  • Parole(s) d'auteur... rencontre avec Virginie Langlois
    > Parole(s) autour de... - Le petit carnet des Editions Parole - N#1
    Pour la sortie du livre "Dessine-moi un chat de Schrödinger" (Editions Parole - 2019), nous avons rencontré son auteur Virginie Langlois. "Dessine-moi un chat de Schrödinger" Quand la philosophie quantique révèle l’Extra-Ordinaire de notre quotidien Virginie Langlois - Philippe Granarolo Illustratrice : Céline Decorte Qui de la poule ou de l’oeuf est venu en premier ? Chaton, un cousin du célèbre chat de Schrödinger, celui-là même qui a la faculté d’être mort ET vivant à la fois, nous suggère une solution à cette énigme. Avec humour et tendresse, l’animal vient détricoter la complexité de la mécanique quantique et éclairer d’une façon inédite les expériences de notre vie quotidienne. Loin de ne concerner que les scientifiques, la philosophie du modèle quantique coordonne raison et intuition sur un socle commun. La compréhension de ce que nous nommons le réel s’ouvre sur de nouvelles dimensions. Des expériences comme celles de la synchronicité, qui échappent à notre raisonnement logique, prennent alors tout leur sens. Intimement nous ressentons qu’il existe là des processus à l’oeuvre qui ne doivent rien au hasard, mais comment pouvonsnous le revendiquer sans passer pour des illuminés ? Chaton nous en offre la clef. Sous sa patte, philosophie, science et spiritualité se rejoignent enfin. Notre futur s’ouvre alors à de nouveaux possibles. LES AUTEURS : Virginie Langlois est née dans le var en 1966. Ingénieure de formation, elle mène une réflexion philosophique sur le fonctionnement quantique de la réalité. Conférencière, elle est devenue autrice et scénariste, convaincue que la poésie et l’imaginaire éclairent plus facilement l’esprit que les équations. Ses romans, Les sabliers du temps (Actes Sud 2006), La Grande Éclaire (Actes Sud 2008), Anna des miracles (Buchet-Chastel 2014) ont été traduits en plusieurs langues. Elle a coécrit en 2010 un film sur le cancer du sein, Mes deux Seins Histoire d’une guérison (prix spécial du jury Europa à Berlin – meilleur film documentaire européen–). Né à Toulon en 1947, Philippe Granarolo est agrégé de l’Université et Docteur d’État ès lettres (thèse portant sur « le futur dans l’oeuvre de Nietzsche »). Professeur de philosophie en classe de Khâgne jusqu’à sa retraite en 2008, il se consacre depuis à l’écriture, anime des Cafés Philo et intervient dans les Universités du Temps libre de l’agglomération toulonnaise. Membre actif de l’Académie du Var, il prononce des conférences dans la France entière. On peut retrouver la plupart de ses textes, les enregistrements audio de ses conférences et de ses émissions de radio, ainsi que de nombreuses vidéos sur son site www.granarolo.fr. Auteur d’une quinzaine d’ouvrages (dont sept consacrés à Nietzsche) et d’un nombre considérable d’articles, Philippe Granarolo est passionné par les sciences contemporaines et par la physique quantique en particulier, d’où sa contribution à cet ouvrage collectif. Céline Decorte est née en 1978. Petite, elle aime écrire des poèmes qu’elle illustre sous forme de BD. Après un passage par la fac d’anglais à Nice, elle passe le concours de l’École Supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg d’où elle ressort diplômée en illustration en 2004. Elle est aujourd’hui autrice et illustratrice dans le Var, avec son chéri, leurs deux garçons, et travaille pour la presse jeunesse et les éditions Milan, Glénat et Larousse.
  • Paroles éclairantes : une évolution qui implique une grande réforme des ONG humanitaires
    > Parole(s) autour de... - N°4 - Pierre Micheletti - 0,03% : Pour une transfo
    Pierre Micheletti : Plaidoyer pour une réforme de l’aide humanitaire internationale
  • > Parole(s) autour de... - Le petit carnet des Editions Parole - N#1
    La conférence autour du «Chat de Schrödinger» dure environ 1h30, elle est suivie d’une rencontre-discussion. Elle est présentée sur tous le territoire français. Cette page vous en propose 9 extraits.
  • > Parole(s) autour de... - Le petit carnet des Editions Parole - N#1
    En 1921 naissait Astor Piazzolla. 100 ans plus tard, son œuvre n’a jamais été autant jouée, son inventivité a fait tomber toutes les frontières du monde de la musique. Astor Piazzolla était un personnage hors normes, à tous points de vue. On connaît une partie de son immense œuvre, on connaît très peu son incroyable vie. à l’occasion du centenaire de sa naissance, naissance célébrée un peu partout sur la planète, Sébastien Authemayou et Marielle Gars signent un livre-disque événement : la première biographie complète du maestro jamais écrite et publiée en français, accompagnée de témoignages, documents rares et d’un disque couvrant la plus grande période d’activité du compositeur, interprété par le Duo Intermezzo (Bandonéon et Piano).
  • On en parle et... on partage
    > Parole(s) autour de... - Le petit carnet des Editions Parole - N#1
    Aux éditions Parole, on aime bien partager. Partager des textes avec vous, des infos, des actualités ou simplement... Vous faire partager notre quotidien.
  • L'homme semence, le livre - Le semeur, le film
    > Parole(s) autour de... - L'homme semence, le livre - Le semeur, le film
    L’homme semence Violette Ailhaud En 1852, Violette Ailhaud est en âge de se marier quand son village des Basses-Alpes est brutalement privé de tous ses hommes par la répression qui suit le soulèvement républicain de décembre 1851. Deux ans passent dans un isolement total. Entre femmes, serment est fait que si un homme vient, il sera leur mari commun, afin que la vie continue dans le ventre de chacune. « Ca vient du fond de la vallée. Bien avant que ça passe le gué de la rivière, que l’ombre tranche, en un long clin d’œil, le brillant de l’eau entre les iscles, nous savons que c’est un homme. Nos corps vides, de femmes sans mari, se sont mis à résonner d’une façon qui ne trompe pas. Nos bras fatigués s’arrêtent tous ensemble d’amonteiller le foin. Nous nous regardons et chacune se souvient du serment. Nos mains s’empoignent et nos doigts se serrent à en craquer les jointures : notre rêve est en marche, glaçant d’effroi et brûlant de désir. » Postface de l’historien Jean-Marie Guillon de l’université de Provence, membre de l’association 1851. Entretien avec Marine Francen Réalisatrice Quel est le point de départ de votre film ? À l’origine du « Semeur », il y a la rencontre avec un texte : « L’homme semence » de Violette Ailhaud. C’est un court récit énigmatique dans lequel l’auteur, institutrice, raconte à la première personne un épisode de la vie de son village. J’ai eu un énorme coup de coeur pour ce livre, j’ai donc immédiatement contacté l’éditeur. Qu’est-ce qui vous touchait particulièrement dans ce texte ? Ce livre m’a séduit autant par sa thématique que par sa force poétique. Ça a très vite suscité chez moi l’envie de lui trouver une forme cinématographique. Le récit ressemble davantage à un long poème en prose qu’à une nouvelle. Il fonctionne par évocations. Il y avait donc tout à construire, je me sentais très libre. C’est cela aussi qui m’a plu. Je trouvais ce texte d’une grande justesse et d’une grande force sur le désir féminin. Au-delà du contexte historique, il raconte ce que c’est qu’être une femme une fois qu’on a évacué les références sociales, la culture ou la nationalité… Une fois qu’on a effeuillé tout ce qui peut habiller une femme, en quelque sorte ! Comment avez-vous abordé le contexte historique de l’histoire ? Je ne me suis pas imposée une précision historique absolue, mais j’ai été passionnée par ce contexte. Je le trouvais très riche, méconnu et tout à fait d’actualité. Ce que raconte Violette Ailhaud, c’est la défense de la liberté sous toutes ses formes. Cette thématique n’a ni frontière, ni époque et je voulais aussi retranscrire cette contemporanéité. Cette histoire entretient des résonances fortes avec le climat actuel, notamment cette résistance de gens simples, qui se sont mis en danger pour défendre les valeurs de la République, encore neuves à cette époque-là. Ce que défendent ces femmes, c’est d’abord leur liberté : de penser, d’exister, de défendre des convictions qui prennent corps dans leur chair. La lutte qu’elles mènent est le prolongement du combat mené par leurs hommes au moment du Coup d’État. Mais leur résistance à elles passe par la nécessité quasi animale, d’aimer et d’enfanter, pour continuer à croire en l’avenir et transmettre leurs valeurs. Le manque des hommes est avant tout exprimé au niveau de la sexualité et du désir. L’absence des hommes dure et au fil des mois fragilise la survie psychique et physique des personnages. Pour lutter contre la mort qui rôde, celle probable de leur mari ou de leurs fils, et aussi la mort de leur village, les femmes laissent parler leur instinct. Comme des animaux. La pulsion de vie prend le dessus. Et je crois que c’est la force immense des femmes, de porter cet instinct primaire qui guide nos vies, beaucoup plus qu’on ne le croit. J’ai grandi à la campagne, je me sentais à l’aise avec ces personnages de femmes. J’aime leur pudeur, et par moments, leur crudité qui surprend. Dans toutes les sociétés, qu’elles soient occidentales ou orientales, je pense que les femmes ont une liberté de parole, entre elles, beaucoup plus grande que les hommes. J’avais envie que le film la restitue. Je tenais à ce que le scénario soit tendu du début à la fin. Tendu par le manque d’homme, la peur, l’inconnu. Et que cette tension soit relayée dans la mise en scène par des regards, des corps débordants de désir… Mon envie de cinéma est centrée sur la manière d’exprimer les sensations sans les mots. C’est pour cela que cette histoire m’intéressait. Ce que vivent ces femmes est très corporel. Qu’est-ce qui se passe dans le corps, qui à un moment peut dépasser ce qu’on arrive à comprendre dans sa tête ? Vous filmez une situation transgressive sans jamais être provocante… Je voulais que l’on sente la tension, le manque et le désir mais je ne voulais pas du cliché « femmes qui se crêpent le chignon pour un homme ». Le besoin et le désir sexuels peuvent être très puissants mais ce n’est ni sale, ni négatif, juste une pulsion de vie. L’enjeu était de montrer tout ce qui peut être ressenti dans une telle situation, sans porter de jugement moral. Au-delà de l’étrangeté et du côté transgressif de ce pacte, chacune des femmes arrive à trouver sa place car elle respecte le droit des autres à avoir besoin de sexualité. Et pour certaines à être mères. Je voulais raconter ces différents étages de compréhension et d’acceptation de ce nouveau code de vie. La scène où elles approchent toutes ensemble, avec leurs brebis et Jean au milieu, est pour moi emblématique de cette vie possible qu’elles ont réussi à construire, malgré cette situation qui peut paraître complètement intenable. Elles prouvent que ça peut tenir. Peut-être pas des années, mais dans un moment de survie, oui. Beaucoup de tabous peuvent être dépassés à partir du moment où ils s’inscrivent dans une nécessité. L’éclosion d’un sentiment envers Jean fait naître un dilemme chez Violette : être fidèle à son amour ou au pacte passé avec les autres femmes. L’arrivée du sentiment amoureux est justement ce qui est beau dans cette histoire. Violette a passé ce pacte avec les autres femmes, elle comprend leur manque. Mais devoir partager Jean devient d’une violence inouïe. Quant aux autres femmes, malgré la jalousie, toutes respectent leur histoire d’amour. Je trouve aussi magnifique que ces femmes, qui ont pu coucher avec cet inconnu, sont toujours éperdues d’amour quand leur mari revient. Ce n’est pas parce qu’elles ont éprouvé du manque et du désespoir qu’elles n’aiment plus leur mari. On sait peu de choses sur Jean. Je tenais à lui garder un aspect fantasmagorique, qu’on ne sache jamais vraiment qui il est. Ces femmes le rêvent et à un moment, le rêve devient réalité. Jean surgit. Cette confrontation avec la réalité est forcément beaucoup plus complexe que ce qu’elles avaient imaginé. Qu’a-t-il vraiment fait ? Pourquoi est-il là, pourquoi reste-t-il ? Parce qu’il en a vraiment envie ou parce qu’il se cache ? Est-il un salaud ? Je trouvais bien de lui garder cette opacité, tout en montrant que lui aussi rencontre l’amour sans s’y attendre. Et que contrairement au cliché de l’homme en pamoison au milieu de toutes ces femmes, c’est loin d’être évident pour lui aussi… D’ailleurs Alban Lenoir en a fait lui-même l’expérience sur le tournage. L’amour de la lecture est un point de rencontre crucial entre Violette et Jean. Au-delà de l’attirance purement physique, c’est effectivement la rencontre de deux sensibilités. Les livres et la lecture, c’est ce qui fait aussi que Violette est singulière dans le village, qu’elle arrive à tisser un lien particulier avec Jean. La lecture est porteuse d’un double enjeu : l’enjeu de résistance républicaine de transmettre le savoir aux enfants, et l’enjeu amoureux. Où a été tourné le film ? Dans le nord des Cévennes. Je cherchais un lieu qui exprime l’immensité, afin de partager avec ces femmes le sentiment qu’elles sont perdues au milieu de nulle part. Il fallait aussi un village où il ne faudrait pas tout reconstruire. Quand j’ai découvert ce coin des Cévennes, le paysage brut et austère m’a paru parfait pour raconter la peur et l’isolement. Et ce village, accroché au bord d’un précipice, incarne exactement la situation des femmes. Quelles envies d’image aviez-vous ? Je voulais que l’image soit belle et forte mais pas carte postale. Le choix de la caméra à l’épaule, près des corps, et le cadre en 4/3 m’ont aidée à sortir de certains écueils. J’étais obsédée par l’idée de ne pas tomber dans l’illustration, de toujours rester sur ce que ressentent ces femmes, de l’intérieur.
  • > Parole(s) autour de... - Le petit carnet des Editions Parole - Hors série 1
    La crise sanitaire que nous traversons nous montre à quel point notre système actuel touche à ses limites sur bien des points. C'est peut-être une occasion qui nous est donnée de "REPENSER NOTRE MONDE". Cette rubrique vous est réservée...
Quelques idées de découverte